Amar Ainé
Joseph Bouglione et Mustapha Amar.
Mustapha Amar et Achille Zavatta.
Les frères Bouglione, Roger Lanzac, Mustapha Amar et André Gruss.
C'est à Sétif qu'Ahmed Ben Amar dressa pour la première fois son chapiteau rouge et vert. Il avait auparavant rôdé son spectacle de danseuses et animaux dans plusieurs localités situées en Kabylie. Ami des bêtes et grand expert en chevaux, il sortit pour la première fois d'Algérie pour aller vendre des purs-sang en Angleterre. À la suite de ce voyage, il mit au point un spectacle coloré, avec des danseuses du ventre, les Ouled Nails, qu'il intitula « la grotte algérienne », et partit à la conquête de la France métropolitaine. Le succès fut si complet qu'Ahmed se mit à rêver à un immense chapiteau itinérant où évolueraient fauves, danseuses et saltimbanques. Parcourant les foires à la recherche d'animaux, il rencontra un jour le directeur de la « Ménagerie Lozérienne », Monsieur Bonnefoux, qui venait de capturer un loup. Ahmed décida d'acquérir la bête sauvage pour la dresser et en faire une des vedettes de son spectacle. Grâce à cette rencontre, Ahmed fit connaissance de Marie, la sœur du directeur. De l’union de Ahmed et Marie[Quand ?] naquirent six garçons, dont plusieurs perpétuèrent la tradition familiale. Quelques années plus tard[Quand ?], Ahmed conçut un spectacle inédit avec trois de ses fils, sans danseuses, mais avec une fosse aux lions où il fit descendre ses trois fils, Ahmed, Abdelah et Mustapha «le plus jeune dompteur du monde»... Il s'agissait en fait d'une petite ménagerie, mais qui permit au nom Amar de commencer à se faire connaître, notamment lors de ses prestations dans diverses foires, comme la Foire aux Pains d'Épices à Paris en 1909. Peu à peu, « Les plus jeunes dompteurs du monde », comme le proclamait la réclame du spectacle, eurent de plus en plus de succès et attirèrent un public toujours plus nombreux. Après la mort d'Ahmed en 1913, Marie reprit les rênes de l'entreprise et après une interruption due à la Première Guerre mondiale, la notoriété du cirque s'étendit à nouveau. L'établissement grandit. Dès 1926, « Le Grand Cirque Ménagerie Amar Frères » devint célèbre au-delà des frontières. Forts de leur popularité grandissante, les frères Amar prirent quelques années après la route vers l'Algérie, la Tunisie et le Maroc. Partout l’accueil fut exceptionnel. La troupe continua sa tournée en Égypte, Grèce, Turquie, Bulgarie, Hongrie, Autriche, Italie avant de rejoindre Paris couverte de gloire. Le fils aîné, prénommé comme son père Ahmed et qui vécut très longtemps avec la comédienne Florelle, fut pendant de longues années dresseur d'éléphants. Omniprésent sous le chapiteau et d'une autorité reconnue de tous[citation nécessaire], il fut chargé de la direction du cirque en tournée. Perfectionniste et exigeant avec la troupe mais d’abord avec lui-même, il contribua à la réputation du cirque familial. C'est le cadet, Mustapha, surnommé « le Colonel », qui donna au cirque sa popularité internationale. Avant de diriger toute la troupe, de son bureau des Champs-Élysées, il s'était illustré sur la piste en dompteur intrépide. Un soir, en représentation à Bruxelles, sa tête, prise en tenaille par les mâchoires d'un tigre imposant, en garda pour toujours les cicatrices. Cette frayeur passée, Mustapha prit en main l’administration du cirque familial et ne parut plus sur la piste. C'est lui qui en 1929 décida de lui faire franchir la Méditerranée. Cent vingt véhicules furent nécessaires pour l'acheminement du matériel, de la ménagerie et de la troupe. Ali, le troisième frère, après avoir connu la gloire comme dresseur d'ours blancs, s’occupa des finances. Chérif, le plus jeune, qui avait succédé à Mustapha auprès des fauves, devint par la suite l’administrateur de la troupe. Baptisé « Cirque Géant » avec sa double piste dès 1929, le cirque Amar ne cessa ensuite d'évoluer pour faire face au succès et il fallut créer une deuxième troupe, le « Cirque des Cirques » ; non sans avoir auparavant créé un spectacle à Paris en s'installant à l'Empire, Avenue Wagram, à deux pas de l’Arc de Triomphe. Sous l'impulsion de Mustapha, ils montèrent dans cette salle des spectacles éblouissants, invitant les attractions les plus étonnantes, mais aussi des exhibitions sportives animées par Gilbert Richard, (remarqué par Mustapha Amar, il fit ses débuts en 1947 sur la piste de son cirque en tant que « Monsieur Loyal »), « le plus jeune Monsieur Loyal du monde » (moins de 18 ans), se plaisait à plaisanter, en parlant de lui, du célèbre Mustapha, surnommé « Phapha », et des présentations d'artistes de music-hall, tel Fernand Raynaud. Avec l'arrêt des voyages, pendant la Seconde Guerre mondiale, trois cirques se dressèrent autour de Paris : « Le Grand Cirque » de Mustapha, le « Cirque international » d'Ali et le « Nouveau cirque de Paris » dirigé par Ahmed et Chérif. La paix revenue, les tournées reprirent avec des spectacles toujours plus étonnants. En pleine Guerre froide, Moscou et New York offrirent un « pont d'or » pour recevoir le cirque Amar. Le gouvernement japonais invita Mustapha à Tokyo pour choisir les meilleures attractions d'Asie à présenter en Europe. En 1960, l'héritier et le grand patron d'un des plus importants cirques d'Europe tînt à fêter le centenaire de l'entreprise familiale par une prestigieuse tournée en Algérie. Un train spécial de 54 wagons quitta Paris. Une centaine d'artistes présentèrent 23 numéros, sous un chapiteau géant à 8 mâts. Ce fut le dernier grand épisode de la saga Amar, la mort successive des frères Amar y mettant fin. En avril 1964, lors du passage du cirque à Chateaudun, trois éléphants, vraisemblablement énervés par les bruits d'un boulodrome tout proche, rompirent leurs chaînes et s'échappèrent dans la rue, semant la panique et tuant un enfant de quatre ans. Ces trois animaux, alors jugés trop dangereux, furent transférés au parc zoologique de la Tête d'Or à Lyon. En 1968, Mustapha Amar se résigna à abandonner la direction du cirque.